Simeone/Bielsa : tout les sépare… sauf leurs fans
Quiconque se promène sur Internet en ces temps d’Atletico-mania peut profiter de l’un de ces paradoxes qui font du foot un si curieux objet d’observation. Pour une raison qui échappe à la raison, il se trouve que les amoureux de Marcelo Bielsa adulent également Diego Simeone… et qu’a contrario la haine de l’un assure la haine de l’autre.
Car hormis ce phénomène paranormal et, il faut bien l’avouer, leurs passeports, les deux entraîneurs n’ont pas grand-chose en commun. Marcelo Bielsa est un acharné de la possession de balle et du beau jeu quand Diego Simeone ne s’intéresse qu’au résultat en mettant en place un dispositif tactique visant à jouer par à coups sur les faiblesses de l’adversaire.
Mais au-delà des divergences tactiques, la personnalité des deux techniciens est aux antipodes l’une de l’autre. Diego Simeone est râleur, vociférant, tricheur quand il le faut. Marcelo Bielsa est en revanche impassible en toutes circonstances, respectueux des décisions de l’arbitre et fair-play jusqu’à « avaler le venin » des défaites imméritées.
Des diiférences fondamentales qui n’empêchent pas l’idéologie footballistique de les englober dans un même amour ou une même haine. Pour se faire, il suffit de lire les commentaires croisés de deux des commentateurs phares du football en France, Didier Roustan et Pierre Ménes.
Pierre Ménes, qui n’a jamais porté Bielsa dans son coeur et qui a répété ad nauseam que le passage marseillais du natif de Rosario était un échec car il n’a pas qualifié le club pour la Ligue des Champions, éructe en revanche contre l’Atletico, vainqueur du Bayern de Guardiola (qui, on le devine, est plus sa tasse de thé)… Dans le même temps, Didier Roustan, défenseur éternel du beau jeu face à la dictature du résultat s’émerveille face au triomphe de Diego Simeone.
Et tant pis pour les fautes, la tricherie systématique et la tactique du hérisson.
Par pitié pour Marcelo Bielsa, pour qui l’intégrité est une valeur absolue, arrêtons de comparer le bandit (brillant) de Calderon avec le Professeur.