Messi au Mondial des clubs, ou comment la FIFA sacrifie sa crédibilité sur l’autel du business
La participation de l’Inter Miami et de Lionel Messi à la nouvelle formule du Mondial des clubs de la Fifa soulève des questions sur la légitimité de la compétition et les arrangements de l’instance faîtière du football pour s’assurer de la présence de sa plus grande star.
« Je suis fier d’annoncer que, en tant que l’un des meilleurs clubs du monde, vous êtes des participants méritants à la nouvelle Coupe du monde des clubs de la Fifa 2025 ». Gianni Infantino n’aurait pas pu être plus dithyrambique dimanche 20 octobre, envers l’Inter Miami.
Il faut dire que l’occasion était propice. Le club de la MLS venait en effet d’étriller ses adversaires des New England Revolution (6-2) grâce notamment à un triplé de Lionel Messi, confirmant ainsi son statut de champion de la Conférence Est du championnat nord-américain de football.
Mieux, grâce à ce succès, la franchise de David Beckham atteint la barre des 74 points inscrits en saison régulière. De quoi remporter le Supporters’ Shield, récompense décernée au club ayant obtenu le meilleur bilan comptable de la saison, sans tenir compte des play-offs.
Une sorte de bouclier des champions donc, un trophée symbolique tout au plus. Suffisant pour se voir offrir une place participative au nouveau Mondial des clubs prévu l’été prochain aux… États-Unis.
Le tour de passe-passe qui fait scandale
Une pirouette qui fait plus que forcer le trait. Car l’Inter Miami devient, grâce à cette intégration expresse, la seule équipe des 31 déjà connues à ce stade – sur une liste attendue de 32 – à se qualifier uniquement via un championnat domestique.
Les 30 autres clubs qualifiés ont dû soit remporter des compétitions continentales, soit se distinguer par leur classement continental sur plusieurs années. Un « deux poids, deux mesures » flagrant et plutôt mal scénarisé.
Pour cause, contrairement aux affirmations d’Infantino, l’Inter Miami n’est pas « le meilleur club sur le terrain aux États-Unis ». Cette sortie est d’autant plus ubuesque que Messi et les siens n’ont remporté que trois matchs sur six contre les équipes de la conférence Ouest.
Messi, la caution à toutes les dérives
« Cela revient à dire que le Celtic a prouvé qu’il était la meilleure équipe du Royaume-Uni en remportant le titre écossais », raille le journaliste Tim Spiers sur le site d’information The Athletic. Il s’agit selon lui, d’une manœuvre de la Fifa destinée à séduire les sponsors.
Alors que ces derniers rechignent à miser sur cette nouvelle compétition déjà exécrée par le syndicat des joueurs entre autres, s’assurer de la présence de septuple Ballon d’or pourrait participer à donner du relief à l’argument de la vente de Gianni Infantino.
Reste que la ficelle est trop grosse et que méthode laisse profondément à désirer. La Fifa ne s’interdit manifestement plus rien.