La FIFA, Ronaldo et une suspension controversée
L’international portugais, initialement privé des deux premières rencontres de la phase de groupes du Mondial 2026, bénéficie finalement d’un sursis pour le moins controversé.
Même dans le milieu surmédiatisé du football, certains joueurs demeurent hors norme. C’est indéniablement le cas de Cristiano Ronaldo, qui vient de bénéficier d’une indulgence de la FIFA l’assurant de disputer le Mondial 2026.
Reconnu coupable d’un geste violent – un coup de coude infligé au défenseur Dara O’Shea – le 13 novembre dernier lors de l’avant-dernier match qualificatif de sa sélection face à la République d’Irlande, le capitaine portugais avait logiquement écopé d’un carton rouge.
La commission de discipline de la FIFA lui avait alors infligé une suspension de trois rencontres, dont la première purgée lors du dernier match de qualification contre l’Arménie ; les deux autres devant, en principe, s’appliquer lors des premiers duels de la Coupe du monde 2026.
Il n’en sera pourtant rien. L’instance dirigeante du football a annoncé, le 21 novembre, la suspension de l’exécution du restant de la sanction pour une durée d’un an. Une période probatoire durant laquelle Ronaldo devra s’abstenir de toute infraction similaire, sous peine de voir sa peine réactivée.
Une clémence qui interroge
« Ceci est sans préjudice de toute sanction supplémentaire imposée pour la nouvelle infraction », précise la FIFA, affirmant s’appuyer sur l’article 27 de son Code disciplinaire. Dans le cas de Ronaldo, la principale circonstance atténuante invoquée est son casier disciplinaire vierge : aucune expulsion en 226 sélections sous le maillot portugais.
Si le recours à l’article 27 n’est pas inédit, son application cette fois suscite des soupçons d’inégalité de traitement. Le journaliste Nick Miller, de The Athletic, cite notamment l’exemple du capitaine arménien Tigran Barseghyan, exclu lui aussi pour un geste violent durant les qualificatifs du Mondial.
« Comme Ronaldo, il a écopé de trois matchs de suspension. Comme Ronaldo, c’était le premier carton rouge de sa carrière internationale. Contrairement à Ronaldo, il n’a bénéficié d’aucun allègement : il a purgé deux de ses trois matchs, et devra encore manquer le prochain match officiel de l’Arménie », souligne-t-il.
Ronaldo, atout trop précieux pour Infantino
Le journaliste va plus loin, rappelant que les précédents cas d’application de l’article 27 concernaient surtout des litiges périphériques, tels qu’un conflit d’emploi impliquant un club israélien de deuxième division ou une sanction partiellement suspendue contre le Mexique pour des chants homophobes de supporters lors du Mondial 2022.
« Cristiano Ronaldo est toujours le footballeur le plus célèbre au monde, et cela a une valeur importante. La FIFA avait besoin de Lionel Messi et de sa notoriété pour la Coupe du Monde des Clubs l’été dernier, donc un moyen ténu d’assurer la qualification de l’Inter Miami a été trouvé. De la même manière, un tournoi sans Ronaldo l’été prochain ne peut tout simplement pas se faire« , tranche Nick Miller.
Cette clémence n’est cependant pas forcément une bonne nouvelle pour le sélectionneur portugais Roberto Martinez. Selon Miller, elle lui retire un prétexte commode : l’impossibilité d’aligner Ronaldo lors des deux premières rencontres, ce qui aurait pu faciliter la mise en place d’un nouveau cadre sans heurter la légende nationale.

