Le grand gâchis des stades de l’Euro 2016

De nombreuses enceintes mises en place das le cadre de cette compétition sont pour la plupart devenues des gouffres à fric sans retour sur investissement.

Neuf ans après l’Euro 2016 abritée par la France – et remportée par le Portugal –, quel est le sort des stades prévus dans le cadre de cet événement ? La réponse est on ne peut plus déprimante, tant pour le passionné lambda du football que ceux chargés de ces enceintes-là.

En effet, une récente plongée au cœur de ces infrastructures construites ou aménagées à l’époque avec comme ambition de faire aussi bien que l’Allemagne hôte du Mondial 2006, révèle plusieurs problèmes structurels majeurs d’après le journal Le Monde.

La situation évoque finalement l’échec d’une politique de prestige qui avait alors privilégié le gigantisme sur la durabilité et l’adaptation aux réalités locales.

« Tout le monde a été incité à construire en partenariats public-privé (PPP) et plusieurs villes ont plongé », se souvient Jean-Pascal Gayant, économiste du sport et professeur à l’université de Rennes, dans les colonnes du quotidien du soir, à propos de ces montages contractuels fortement encouragés par l’État sous l’impulsion d’Eric Besson, ex-secrétaire d’État du gouvernement de Nicolas Sarkozy.

Le mirage du modèle allemand

L’approche combinée au naming – pratique marketing consistant à vendre les droits d’appellation d’une infrastructure à une marque en échange d’un paiement – paraissait séduisante, du moins sur le papier, à travers sa répartition des rôles.

Comme le décrit Le Monde, l’entreprise privée s’engageait à financer, construire et exploiter le stade pendant 30 ans. Une période au cours de laquelle la collectivité, en qualité de propriétaire, verse un loyer à l’entreprise, tandis que le club utilisateur paie à son tour un loyer à la collectivité.

Mais la réalité s’est avérée bien plus complexe à l’épreuve des faits. De Bordeaux à Nice, en passant par Lille ou Marseille, les nouveaux stades se sont transformés sont aujourd’hui devenus des aventures ruineuses, avec des taux de fréquentation en deçà des espérances dès la deuxième année de la mise du PPP.

Bordeaux, le symbole d’une démesure

« Construits trop grands, ces stades n’ont jamais été vraiment rentables : le surdimensionnement coûte plus cher en exploitation et en termes de marges, car le prix des places est moins élevé quand les tribunes sont à moitié vides », explique au Monde, Jérémy Moulard, postdoctorant en management du sport à l’université de Lausanne en Suisse.

Le Matmut Atlantique de Bordeaux illustre parfaitement l’échec de ce modèle des grands stades français. Construit en 2015 pour 295 millions d’euros pour remplacer l’historique Chaban-Delmas, ce stade de 42 000 places, excentré en zone industrielle, cumule désormais tous les problèmes.

Soit un club relégué en quatrième division, une fréquentation en chute libre (10 500 spectateurs lors du match Bordeaux – Vendée Les Herbiers Football du 1er février dernier, selon Le Monde), un sponsor principal en retrait et un gestionnaire privé au bord du dépôt de bilan.

La métropole bordelaise envisage désormais de reprendre la gestion de cet équipement surdimensionné, mais seulement pour un temps. « On se rend compte que c’était un investissement tout à fait hasardeux », regrettait le mois dernier, le maire écologiste Pierre Hurmic, cité par Le Monde.

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