États-Unis : les footballeuses afghanes exclues des camps FIFA
Une décision de la FIFA prive les joueuses afghanes basées aux États-Unis de leur chance d’intégrer l’équipe de réfugiées.
Les footballeuses afghanes réfugiées aux États-Unis ne pourront pas représenter la future équipe que la FIFA entend créer à destination de ces femmes contraintes à l’exil depuis la prise du pouvoir des talibans en 2021.
Ces derniers, qui interdisent toute participation des femmes au sport au nom d’une vision rigoriste de la religion musulmane, ont contraint plus de 75 personnes associées à l’équipe féminine de football de l’Afghanistan – joueuses, officiels et leurs familles – à fuir vers des pays comme le Royaume-Uni, l’Australie ou les États-Unis.
Pour leur permettre de continuer à pratiquer leur sport, la FIFA à travers son Conseil avait en effet décidé en mai dernier de créer une équipe composée de joueuses afghanes évacuées ayant obtenu le statut de réfugiées.
Dix-sept entraîneurs ont été recrutés pour superviser des camps d’entraînement destinés à sélectionner les futures joueuses. Des sessions ont déjà été organisées en Australie et en Europe, mais les footballeuses vivant aux États-Unis en sont désormais exclues.
La FIFA face à ses contradictions
L’instance dirigeante du football mondial en a informé les concernées lors d’un appel téléphonique début septembre, invoquant selon The Athletic, des « préoccupations de sécurité » sans fournir d’explication détaillée, alors que toutes ces femmes possèdent un statut légal leur permettant de vivre, travailler et voyager librement aux États-Unis.
Cette décision frappe particulièrement les dix joueuses installées à Houston, parmi les 22 footballeuses que la FIFA elle-même avait aidées à se réinstaller outre-Atlantique. Zahra Sultani, 20 ans, ancienne internationale des moins de 17 ans et actuelle meilleure buteuse du Houston Shine FC – équipe créée pour représenter la communauté afghane du Texas – ne cache pas sa déception.
« L’annonce des camps d’entraînement m’avait redonné espoir après que les talibans m’aient fait craindre de perdre mon rêve. Mais cette annulation m’a brisé le cœur. Tant d’entre nous ont déjà traversé tant de douleur et de sacrifice. Le football était la seule chose qui nous maintenait connectées à notre passé et à notre avenir« , affirme-t-elle dans les colonnes de The Athletic.
Un sentiment d’abandon généralisé
Sodaba Khinjani, 28 ans, vétérane de l’équipe nationale qui avait participé aux premiers matchs officiels en 2010, dénonce une injustice flagrante : « Il n’y a aucune différence entre les joueuses des États-Unis, d’Australie ou d’Europe. Nous avons travaillé sans relâche, mais sans résultat positif. Nous nous sentons abandonnées. »
Le témoignage de Nilofar Mumtaz, 24 ans, résume la détresse de ces femmes qui se voient ainsi doublement exilées : « Nous sommes aux États-Unis depuis quatre ans sans nos familles, malgré les promesses des autorités. Voir des camps en Australie et en Angleterre, mais pas pour nous nous rend tristes, nous avons pleuré. Mais nous n’abandonnerons pas. »
Contactée par The Athletic, la FIFA maintient que « la sécurité et le bien-être des joueuses sont sa priorité absolue » et assure « continuer à examiner les possibilités » pour ces femmes.