Le faux procès des « 007 »
Derrière ce sobriquet utilisé sur les réseaux sociaux pour désigner les nouvelles recrues sans contribution offensive lors de leurs sept premiers matchs, se cache un piège : celui du jugement hâtif des joueurs.
Appelez-le « Florian Wirtz, 007 ». Depuis ce samedi 4 octobre marquant sa septième apparition en Premier League, le nouveau milieu offensif de Liverpool entre dans la catégorie des joueurs ayant officiellement droit à cette étiquette.
Si cela vous rappelle la saga James Bond, c’est que vous n’êtes probablement pas habitué aux agoras footballistiques des réseaux sociaux. Là-bas, le terme désigne de façon moqueuse les nouvelles recrues sans but ni passe décisive lors de leurs sept premiers matchs.
Une étiquette infamante dont l’origine remonte à août 2021, d’après The Athletic. Sky Sports Germany avait alors propulsé ce concept dans la conscience collective en diffusant une image de Jadon Sancho photoshoppé en smoking façon James Bond, accompagnée du tag « 007 », pour railler ses débuts difficiles à Manchester United après son transfert de 73 millions de livres depuis le Borussia Dortmund.
Wirtz, la recrue à 116 millions de livres – un record de transfert britannique – des champions en titre, en est donc la dernière victime. Pourtant, l’histoire enseigne à ne pas condamner trop vite un joueur fraîchement débarqué.
Quand les légendes débutaient aussi en « 007 »
Le cas Thierry Henry est révélateur. Recruté à 21 ans par Arsenal en 1999 en provenance de la Juventus, le Français a connu des débuts similaires à ceux de Wirtz dans son nouveau club, avant d’y devenir une légende, fort de 175 buts et 74 passes décisives au total, sans oublier le statut de meilleur buteur de l’histoire des Gunners.
Mieux encore, une liste compilée par The Athletic portant sur 75 attaquants ayant connu sept matchs consécutifs sans contribution offensive en Premier League révèle des trajectoires surprenantes qui démolissent cette logique court-termiste.
Raheem Sterling occupe la deuxième place avec 188 contributions (123 buts, 65 passes décisives), suivi de Chris Sutton (124), Diogo Jota (83) ou encore Jermain King (70).
Les exigences de la Premier League
Ces exemples contrastent avec ceux de démarreurs rapides qui se sont éteints aussi vite après. Papiss Cissé à Newcastle, Amr Zaki à Wigan ou Michu à Swansea ont tous enregistré au moins six contributions offensives lors de leurs sept premiers matchs, sans jamais réussir à maintenir ce niveau sur plusieurs saisons.
L’une des explications de ces débuts laborieux en PL pourrait être le championnat décrit par de nombreux observateurs comme le plus exigeant au monde.
Les données de la plateforme SkillCorner publiées par The Athletic, confirment ce point de vue. En effet, le championnat anglais contient par match davantage de courses à haute intensité – au-delà de 20 km/h – que les divisions équivalentes en Espagne, en Allemagne ou en Italie.
Au-delà de la dimension physique, la création d’automatismes avec de nouveaux coéquipiers demande du temps, peu importe le talent individuel.