Mondial 2030 : Trois continents, une polémique mondiale
Le Mondial 2030, organisé sur trois continents, fait déjà couler beaucoup d’encre. Alors que la FIFA officialisera cette configuration atypique, le débat s’enflamme sur les impacts écologiques et logistiques d’un tel événement.
Une organisation dispersée et controversée
L’édition 2030 débutera en Amérique du Sud, où trois matchs seront disputés en Argentine, Uruguay et Paraguay, en hommage au centenaire de la compétition. Les 101 autres rencontres se tiendront au Maroc, en Espagne et au Portugal. Si la FIFA met en avant la proximité géographique de ces derniers pays, les critiques pointent un impact environnemental sans précédent.
« En termes d’empreinte carbone, c’est une idée folle », estime David Gogishvili, chercheur à l’Université de Lausanne. Les déplacements massifs d’équipes et de supporters, amplifiés par un format à 48 équipes, multiplient les vols longue distance et les émissions.
Les défis environnementaux
Le choix de trois continents accentue l’empreinte écologique de la compétition. Pour Antoine Miche, de Football Écologie France, l’afflux de millions de visiteurs dans des régions déjà confrontées à des sécheresses aggravera les pénuries d’eau estivales. Bien que les pays hôtes disposent d’infrastructures existantes, limitant les besoins de construction, cela ne compense pas les déplacements aériens massifs.
L’instauration de « jauges régionales », réservant une grande partie des billets aux fans résidant à proximité, ou l’encouragement des déplacements en train pourraient réduire ces impacts. Cependant, ces solutions restent théoriques face à la réalité économique et logistique d’un tel événement.
Une rupture d’équité sportive
L’organisation soulève aussi des questions d’équité sportive. Les matchs inauguraux en Amérique du Sud imposeront aux joueurs de gérer des décalages horaires et des variations climatiques avant de rejoindre l’Europe ou l’Afrique.
Pour les supporters, l’enjeu est également économique : les coûts de transport risquent de restreindre l’accès au Mondial, notamment pour les fans sud-américains.
Le rôle de la FIFA en question
La FIFA est accusée de négliger sa responsabilité écologique, préférant une stratégie de promotion mondiale du football. Guillaume Gouze, du Centre de droit et d’économie du sport, qualifie ce format de « symbole d’aberration écologique ». Les critiques soulignent aussi l’ironie d’une compétition éclatée dans un contexte où la lutte contre le réchauffement climatique est cruciale.
Malgré tout, des initiatives comme les fans zones pourraient offrir des alternatives moins polluantes en permettant aux supporters de partager des moments forts sans se déplacer. Mais cela exige de la FIFA une acceptation d’une baisse potentielle de rentabilité.
Le Mondial 2030, entre ambition globale et incohérence écologique, illustre un dilemme croissant : comment organiser des événements planétaires tout en respectant les limites environnementales ?