Steven Gerrard : Confessions d’un capitaine désabusé

L’ancien capitaine revient sur les problèmes d’ego et les rivalités interclubs qui ont sapé le potentiel de la sélection nationale d’Angleterre, une équipe pourtant talentueuse, d’après les observateurs.

C’est l’une des grandes énigmes du football moderne : comment une équipe d’Angleterre, alors composée d’un vivier remarquable de joueurs tels que Frank Lampard, Wayne Rooney, John Terry, Jamie Carragher, Ashley Cole, Gary Neville, ou encore Rio Ferdinand, a-t-elle pu manquer autant de grands rendez-vous internationaux ?

Dans une interview sans filtre menée par son ancien partenaire de vestiaire Rio Ferdinand, Steven Gerrard, figure centrale de cette génération, tente d’analyser ce constat d’échec. « Nous étions tous des perdants égocentriques« , affirme-t-il le 7 octobre dernier, à propos de cette génération exceptionnelle que certains ont même décrite comme « dorée ».

En dépit des énormes ressources humaines à disposition, l’Angleterre n’a jamais franchi le cap des quarts de finale dans les compétitions majeures entre 2002 et 2010. Pour Gerrard, le mal provient surtout des tensions farouches entre les principaux clubs du pays.

« Je regarde la télévision maintenant et je vois Carragher assis à côté de Paul Scholes comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde depuis 20 ans. Je suis probablement plus proche de toi maintenant que je ne l’ai jamais été quand nous avons joué ensemble pendant 15 ans« , confie-t-il à Ferdinand.

Un climat pesant lors des rassemblements

L’ancien international anglais (114 sélections) dévoile également le mal-être qu’il ressentait lors des rassemblements avec l’équipe nationale.

« J’avais des phases où je me sentais vraiment bas. Sept heures dans une chambre de l’hôtel sans rien à faire. Pas de réseaux sociaux, à peine cinq chaînes TV. J’adorais jouer pour l’Angleterre, j’étais fier sur le terrain et à l’entraînement, mais le reste du temps, je voulais juste rentrer », se remémore-t-il.

Contrairement à Liverpool, où l’ancien milieu de terrain se sentait « attendu, choyé, intégré, protégé et spécial », l’équipe nationale n’a jamais su lui offrir ce sentiment d’appartenance indispensable pour forger un grand destin collectif.

Quand l’union fait défaut, le succès se dérobe

Le témoignage de Gerrard s’inscrit dans une introspection plus large du football anglais, qui n’a jamais su exploiter l’addition de ses génies. Ce n’est que sous Gareth Southgate, grâce à une culture positive et l’ouverture vers des joueurs de moindre envergure clubiste, que l’Angleterre a commencé à panser ses blessures, insufflant enfin une dynamique de groupe nouvelle.

« Je pense que Gareth Southgate est sous-estimé pour la façon dont il a connecté l’équipe d’Angleterre », affirme-t-il. « Nous avions le talent, les joueurs étaient là, le niveau des matchs que nous jouions tous était là pour faire mieux que ce que nous avons fait« , ajoute l’ancien numéro 4 des Three Lions .

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