L’Italie mise sur Gattuso
L’ancien champion du monde succède à Luciano Spalletti dans un rôle où ses compétences tactiques seront évaluées, au-delà de ses capacités de meneur d’hommes.
« Gattuso est un symbole du football italien, le maillot est comme sa seconde peau », a déclaré Gabriele Gravina, président de la Fédération italienne de football (FIGC). « Personne ne pourra jamais enlever l’esprit combatif et la détermination de Rino », a ajouté Gianluigi Buffon, qui fait office de directeur sportif.
Les termes utilisés le 19 juin dernier lors de la présentation de Gennaro Gattuso comme nouveau sélectionneur de l’équipe nationale de football d’Italie ne laissaient aucun doute sur la personnalité de l’heureux élu.
Du temps où il faisait encore la fierté du Milan AC (1999-2012), le sélectionneur de 47 ans était réputé acharné et plein de passion sur le terrain, toujours prêt à lutter pour le moindre ballon. Autant de caractéristiques profondément italiennes ayant nourri sa légende dans le pays.
Mais si la Squadra Azzurra semble effectivement manquer cruellement d’âme ces dernières années, il faudra à Gattuso bien plus qu’insuffler le feu sacré aux joueurs pour mener à bien sa mission.
Une équipe en manque de repères
En effet, l’équipe actuellement classée deuxième derrière la Norvège dans le groupe I des qualifications pour la Coupe du monde 2026, a raté les deux dernières éditions de la compétition (2018-2022). Un sacrilège pour une nation si enracinée dans la culture du football et quatre fois championne du monde.
Entre-temps, la Squadra Azzurra a été piteusement éliminée de l’Euro en qualité de champion en titre, par la Suisse à l’été 2024 dès les huitièmes de finale. Dans ce contexte délicat, la valse des sélectionneurs sur le banc n’a pas aidé.
Les deux derniers ont quitté abruptement leur poste. D’abord Roberto Mancini, séduit en 2023 par les pétrodollars saoudiens, puis Luciano Spalletti, limogé il y a quelques semaines seulement après une vingtaine de mois en charge, sur fond de désaccords avec Gabriele Gravina. C’est dire le défi du nouveau sélectionneur, qui refuse d’ailleurs d’être cantonné au rôle de simple motivateur.
Une occasion de se relancer
« Tout le monde pense à Gattuso comme quelqu’un de tout cœur et de courage, mais aujourd’hui je ne mettrais pas ce Gattuso dans mon équipe, à cause de la façon dont je veux jouer », a-t-il déclaré lors de sa présentation. Une manière de rappeler qu’il a évolué tactiquement depuis ses années de joueur.
Ses résultats d’entraîneur peinent cependant encore à le démontrer. Le Milan AC, l’Olympique de Marseille (OM), Valence, Naples, comptent parmi les clubs qu’il a dirigés depuis sa reconversion en tant qu’entraîneur en 2013, sans y briller outre-mesure.
Son unique succès se limite à la Coupe d’Italie remportée avec Naples en 2020, avant d’être limogé la saison suivante. Pour Gattuso, l’honneur de diriger son pays supplante tous les risques. Il reste à savoir si cette fierté suffira à éviter un nouveau naufrage à la Squadra Azzurra.