L’illusion du mercato miracle

Les dépenses de transfert ne garantissent pas le succès, contrairement aux salaires versés aux joueurs. C’est ce que révèle une récente étude de Twenty First Group, agence spécialisée dans l’intelligence sportive.

Depuis quelques semaines, c’est l’intersaison pour les clubs de football, période traditionnellement consacrée au mercato et à son lot d’informations frénétiques sur les mouvements des joueurs.

Plus que jamais happés par ce phénomène amplifié par les réseaux sociaux, les supporters, notamment ceux dont l’équipe sort d’une saison décevante, scrutent l’horizon dans l’attente de nouvelles recrues. Ils espèrent la prochaine grande star qui redonnera un meilleur visage à leur club lors de la campagne à venir.

Ils feraient pourtant mieux de tempérer leurs espoirs. Car s’il est admis que l’argent ne fait pas le bonheur, c’est encore plus vrai dans le football : les clubs les plus dépensiers actuellement sur le marché des transferts ne seront pas forcément les plus titrés en mai prochain.

C’est ce que révèle une étude d’Aurel Nazmiu, data scientist senior chez Twenty First Group (TFG), qui a mesuré la corrélation entre dépenses de transfert et performances sur six saisons dans les cinq grands championnats européens (Premier League, Liga espagnole, Serie A italienne, Bundesliga allemande et Ligue 1 française).

Les salaires, principal baromètre du succès

Il en ressort que les salaires restent le roi des indicateurs de performance. Là où TFG estime que les salaires expliquent 80 à 85% de la variance dans les résultats d’une équipe, les dépenses de transfert n’atteignent jamais ce niveau, même sur les six saisons considérées.

Cette donnée vient confirmer les résultats d’une étude menée 15 ans plus tôt par Simon Kuper et Stefan Szymanski, et portant sur une période de 19 ans indiquant que les salaires ont une corrélation de 92%, contre 16% pour les frais de transfert sur la performance sportive.

« Le problème avec les frais de transfert, c’est qu’ils reflètent des paiements basés sur les performances attendues sur toute la durée du contrat, et non par rapport à une seule saison« , explique Szymanski à The Athletic.

La patience toujours récompensée ?

Cette approche temporelle révèle que la patience est un facteur clé de succès, même pour les clubs les plus dépensiers. En Premier League, la corrélation entre dépenses de transfert et performances passe ainsi de 46% sur une saison à 61% sur trois ans, puis grimpe à 66% sur quatre ans, selon les données de Twenty First Group.

La Liga affiche la corrélation immédiate la plus forte (71% dès la première saison), mais cette performance repose quasi exclusivement sur le Real Madrid, le FC Barcelone et l’Atlético Madrid. La France suit un schéma similaire, quoique moins extrême. Le PSG, à lui seul, fait passer la corrélation sur une saison de 60% à 51% selon qu’on l’inclut ou non dans l’analyse.

Malgré ces nuances, la tendance générale reste immuable : plus le temps passe, plus les gros investisseurs voient leurs efforts récompensés. « Bien qu’en théorie la corrélation puisse diminuer, ce serait très inhabituel« , affirme Nazmiu dans les colonnes de The Athletic.

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