Mondial des clubs : la part du rêve et des réalités

La compétition vantée par la FIFA a livré son lot de surprises. Des résultats inattendus qui poussent certains observateurs à reconsidérer les hiérarchies établies du football mondial. Pourtant, l’analyse révèle une réalité plus contrastée.

« Bien sûr, les gens parlent de l’Arabie Saoudite, mais voyons maintenant comment ils regarderont le championnat après les succès que nous obtenons ici ».

Après la victoire spectaculaire d’Al Hilal contre Manchester City (4-3 a.p.) le 1er juillet dernier en huitièmes de finale de la Coupe du Monde des Clubs, Sergej Milinkovic-Savic ne tarissait pas d’éloges à propos de la Saudi Pro League (SPL), le championnat de football de première division d’Arabie Saoudite.

Pour le milieu de terrain serbe transféré en 2023 en provenance de la Lazio de Rome, ce triomphe des siens contre une équipe du calibre de celle du réputé Pep Guardiola remet en cause la perception souvent répandue dans les médias d’une ligue saoudienne réservée aux « rebuts » de l’Occident.

« Ce n’est pas si facile que les gens le pensent« , a-t-il insisté, avant d’ajouter une révélation surprenante : « Pour vous dire la vérité, je cours plus là-bas qu’avant en Serie A ».

Un véritable emballement médiatique

Même les médias s’en sont donnés à cœur joie. « La victoire-choc du club de Riyad contre Man City lors de la Coupe du Monde des Clubs de la FIFA est l’aboutissement d’une longue ascension de l’équipe saoudienne vers la reconnaissance », a écrit Al Jazeera, relevant que les protégés de Simone Inzaghi étaient le premier club asiatique à battre un homologue européen dans un tournoi de la FIFA.

Cette prise de position a gagné en crédibilité quand Al Hilal est ensuite devenue la seule formation non-européenne à atteindre les demi-finales de la compétition. Parallèlement, les équipes brésiliennes ont particulièrement brillé, avec les victoires de Flamengo face à Chelsea (3-1) et de Fluminense contre l’Inter Milan (2-0).

De quoi pousser la FIFA à déclarer que sa Coupe du monde s’est révélée « beaucoup plus serrée que prévu ». Son président Gianni Infantino a même affirmé qu' »une nouvelle ère du football a définitivement commencé ». Mais ces exploits isolés permettent-ils réellement de mesurer la qualité d’un championnat dans son ensemble ?

Quand les données nuancent les apparences

L’analyse statistique menée par Twenty First Group, une société spécialisée dans l’intelligence sportive, apporte un éclairage crucial sur cette question. Si le championnat brésilien occupe la sixième place mondiale selon leur modèle de « Super Ligue Mondiale », c’est surtout sa remarquable homogénéité qui impressionne.

L’écart entre Palmeiras et Flamengo (les meilleures équipes) et Juventude (la plus faible) reste relativement réduit. À l’inverse, la Saudi Pro League présente l’écart-type le plus élevé parmi les championnats étudiés.

Al Hilal, classé 132e mondial, évolue dans un contexte où la deuxième meilleure équipe saoudienne, Al Ahli, ne pointe qu’au 279e rang. L’Europe connaît elle aussi ses déséquilibres, avec la domination du PSG (neuf fois champion ces dernières années) en France, ou encore l’hégémonie historique du Bayern Munich en Allemagne.

C’est dire que cette Coupe du monde des Clubs ne constitue donc qu’un instantané de l’état du football mondial, insuffisant pour réécrire complètement les rapports de force établis.

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