Chelsea : Roman Abramovich dans le collimateur de Londres
Le gouvernement britannique menace de poursuivre en justice l’ancien propriétaire du club londonien pour récupérer les fonds issus de la vente forcée de celui-ci en mai 2022, consécutive au déclenchement de la guerre en Ukraine.
Le Royaume-Uni ne semble pas en avoir fini avec Roman Abramovich, l’ancien propriétaire russe du club de football de Chelsea, dans le sud-ouest de Londres, et mécène de la ville, devenue paria depuis le début du conflit entre Moscou et Kiev il y a plus de trois.
La confrontation entre les deux parties pourrait même se jouer devant les tribunaux, comme l’ont annoncé la Chancellière Rachel Reeves et le Secrétaire aux Affaires étrangères David Lammy dans un communiqué conjoint le 2 juin dernier.
L’objectif de cette action judiciaire serait de faire débloquer les 2,5 milliards d’euros provenant de la vente forcée de Chelsea FC en mai 2022.
Depuis cette transaction imposée à l’oligarque de 58 ans accusé de « connivence » avec le pouvoir russe, après l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine, cette somme reste bloquée sur un compte bancaire britannique, inaccessible à tous.
Un désaccord philosophique ?
Au grand dam de l’État britannique, qui avait conditionné l’autorisation de vente du club récemment champion de l’UEFA Conference league à ce qu’Abramovich ne bénéficie d’aucune partie des fonds. Paradoxalement, le Royaume-Uni ne peut utiliser cet argent sans son accord.
« Nous sommes profondément frustrés qu’il n’ait pas été possible de parvenir à un accord avec M. Abramovich jusqu’à présent », ont déclaré Reeves et Lammy dans leur communiqué, évoquant le désaccord qui les oppose désormais à l’oligarque russe sur l’utilisation des fonds.
En effet selon la presse britannique, l’ancien propriétaire de Chelsea souhaite que l’argent bénéficie à « toutes les victimes de la guerre », y compris les soldats russes, et veut étendre l’aide à d’autres causes caritatives hors d’Ukraine.
Mais les autorités britanniques s’y opposent fermement, exigeant que l’argent soit exclusivement réservé aux causes humanitaires ukrainiennes. D’où l’imbroglio en cours.
Un dossier potentiellement explosif
Pendant ce temps, Mike Penrose, ancien directeur général d’Unicef UK, pour superviser la création d’une fondation dédiée, attend de pouvoir distribuer ces fonds. Une situation que la députée travailliste Emily Thornberry qualifie sans détour de « ridicule ».
« Je pense qu’il est maintenant vraiment urgent de régler cela », a déclaré Lord Ricketts, ambassadeur britannique en France et conseiller à la sécurité nationale, à Telegraph Sports, faisant écho aux pressions accrues sur le gouvernement britannique.
D’après plusieurs sources proches du dossier citées par ce journal britannique, la situation constitue un véritable casse-tête politique et juridique. La difficulté principale réside dans le fait que saisir définitivement des « actifs russes gelés » représente un précédent juridique majeur aux ramifications internationales considérables.
Cela pourrait non seulement créer des tensions diplomatiques, mais aussi inquiéter d’autres investisseurs étrangers au Royaume-Uni, qui craindraient que leurs propres actifs puissent subir le même sort en cas de crise géopolitique future.