Football délocalisé : l’UEFA franchit le Rubicon

L’instance dirigeante du football européen a officiellement validé la tenue de matches de championnat espagnol (La Liga) et italien (Serie A) hors du continent, tout en marquant sa ferme opposition à cette pratique.

Dans une décision qui pourrait bien changer le visage du football européen, l’UEFA a donné son aval, lundi 6 octobre, à la tenue exceptionnelle de deux rencontres de championnat en dehors de leurs frontières traditionnelles.

Concrètement, cela concerne la confrontation Villarreal-Barcelone prévue le 20 décembre prochain à Miami, aux États-Unis, et le match AC Milan-Côme planifié pour février 2026 à Perth, en Australie.

« Le cadre réglementaire de la FIFA, actuellement en cours de révision, manque de clarté et de précision. Face à ces lacunes, le Comité exécutif de l’UEFA a, à contrecœur, approuvé à titre tout à fait exceptionnel les deux demandes reçues », précise l’instance dans un communiqué officiel.

Cette annonce inattendue survient après un premier report de la décision par le Comité exécutif le mois dernier, celui-ci expliquant alors vouloir « prendre davantage de temps » et « consulter l’ensemble des parties prenantes du jeu, y compris les supporters ».

Une acrobatie institutionnelle signée UEFA

« Les matchs de championnat doivent se livrer sur les terres nationales ; toute autre alternative priverait les fidèles supporters de leurs droits et risquerait d’introduire des biais dans les compétitions. La consultation menée a confirmé l’intensité de ces préoccupations », affirme le président Aleksander Ceferin.

« Bien qu’il soit regrettable de devoir laisser ces deux matchs se dérouler, cette décision est exceptionnelle et ne doit pas être considérée comme créant un précédent« , poursuit-il, s’engageant dans un exercice d’équilibrisme institutionnel qui n’a pas manqué de provoquer la colère des détracteurs.

Ces derniers dénoncent un « déni de l’essence communautaire » du football et redoutent l’érosion progressive du modèle local, centré sur les supporters historiques.

Pour Glen Micallef, commissaire européen au sport, il s’agit d’une « trahison des racines », plaidant pour la préservation de la proximité culturelle qui caractérise les championnats européens.

Les enjeux financiers et médiatiques en toile de fond

Au cœur de ce choix controversé, les enjeux financiers prennent le dessus. Pour les ligues concernées, organiser des rencontres à l’international représente une occasion unique d’accroître leur visibilité, de s’implanter sur de nouveaux marchés et de séduire des sponsors mondiaux.

Cependant, cette ouverture vers l’étranger suscite de vives interrogations quant à l’érosion de l’identité propre au football européen. Beaucoup redoutent que ces initiatives, même ponctuelles, finissent par rendre banale la délocalisation des matches, affaiblissant ainsi le lien entre clubs et communautés locales.

« C’est insensé de faire voyager deux équipes italiennes jusqu’en Australie pour disputer un match. Il faut qu’on s’adapte, comme toujours. On évoque sans cesse le calendrier et la santé des joueurs, mais tout cela semble franchement absurde », s’est indigné le Français Adrien Rabiot du Milan AC, rejoignant ainsi le chœur des voix critiques face à ce bouleversement.

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